L’étendue des savoirs disponibles et devant être maîtrisés, comparée aux faibles capacités cognitives d’un individu, expliquerait la crise de l’éducation moderne, selon un mathématicien, philosophe de l’éducation américain, Philip Phenix. C’est peut-être, écrivait-il en 1956, le problème majeur de l’éducation contemporaine.
Cette crise est accentuée par un dilemme : la demande simultanée pour la maîtrise technique et pour une éducation libérale, au sens philosophique - attachée à la compréhension profonde et vaste du monde naturel et humain. La formation d’experts hautement spécialisés est un impératif économique. Mais l’étroitesse de vue et la parcellisation de la connaissance qui viennent en conséquence de la spécialisation menacent d’« anéantir l’équilibre fragile de la civilisation ».
Voici donc posée, par Phenix, l’équation à résoudre par l’éducation moderne : masse croissante de savoirs et faiblesse intrinsèque des capacités cognitives d’un individu ; besoins d’experts hautement spécialisés et, à l’inverse, besoin de hauteur, de recul, de compréhension générale. La solution de cette équation appelle la notion toujours un peu mystérieuse de « tête bien faite ».
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